Les Moulins de Meaux

Il y a 92 ans, dans la nuit du 16 au 17 juin 1920, un incendie ravagea les moulins du pont du Marché, marquant ainsi la fin de l’époque des moulins à eau.

On peut dire sans erreur que la principale curiosité à Meaux, après la Cathédrale St-Etienne- qui va fêter son centième anniversaire comme Basilique (26 juin)- était jusqu'à cette nuit tragique le groupe de ses vieux moulins, construits sur pilotis, en travers de la Marne. 

Dès la plus haute antiquité, les chartres attestent, à l’endroit du pont du marché, l’existence de moulins.

Le testament de Ste Fare nous confirme l’existence d’un ‘farinarius’ sur ce pont du marché, donné par la fondatrice de l’abbaye de Faremoutiers. Il existait donc déjà au VIIe siècle. Connu également sous le nom du ‘pont roide’, il était le seul point de franchissement de la Marne à Meaux dans le prolongement de la voie romaine reliant Troyes.

Au XIIIe siècle, avec l’aménagement du quartier du marché, ce pont dont à chaque extrémité se trouvait une porte que l’on fermait la nuit, isolant ainsi la ville et le marché, est toujours le seul point de passage qui réunit les deux quartiers fortifiés de la cité meldoise de part et d’autre de la rivière.

Au Moyen-âge, ce pont était plus qu’une passerelle permettant de traverser la Marne, il était le prolongement naturel de la ville à tel point que les activités commerçantes de la rue s’y poursuivaient sans discontinuité.

A partir du XIe siècle, des documents attestent l’existence de cinq moulins sur le pont du Marché. Ces documents identifient les propriétaires qui étaient essentiellement des établissements religieux.

En partant de la ville vers le Marché, les moulins du vieux pont appartenaient au chapitre des chanoines de la cathédrale, à l’abbaye de Saint-Faron, aux templiers, à l’Hôtel-Dieu. Quant au cinquième et dernier moulin, nous ne connaissons pas ses propriétaires au moyen-âge, nous savons simplement qu’au XVIIème siècle la congrégation de Saint-Maur en était la propriétaire.

Au XVIe siècle, lors des troubles religieux dont Meaux fut le théâtre, les moulins du pont brûlèrent le 2 novembre 1567.

A la fin du XVIIIème siècle on comptait en plus des cinq moulins construits sur pilotis du coté occidental, sept échoppes construites sur les arches orientales, dans lesquelles travaillaient quincailliers, cordonniers, fripiers, bonnetiers, merciers, etc... Ces commerces disparurent dans le premier quart du XIXème siècle.

Jusqu’au début du XIXème siècle, le pont du Marché se présentait aux meldois comme une rue fort étroite, le long de laquelle se trouvaient d’un coté des moulins à farine et de l’autre de nombreuses boutiques.

Avec leurs belles façades à pans de bois et leurs pilotis sur la Marne, les moulins constituaient une curiosité architecturale et touristique.

Dans un passage de sa Bohème Galante, Gérard de Nerval les décrit ainsi : « Allons errer sur les bords de la Marne et le long de ces terribles moulins à eau dont le souvenir a troublé mon sommeil. Ces moulins écaillés d’ardoises, si sombres et si bruyants au clair de lune, doivent être pleins de charme aux rayons du soleil levant ». 

Georges Gassies, dans son article du Publicateur de l’Arrondissement de Meaux du 19 juin 1920  notait : «  Les vieux moulins avaient échappé lors de la première guerre mondiale à cinq ans de vicissitudes inouïes, aux bombes qui ont détruit des villes entières, et en quelques heures, en pleine paix, ils ont péri, sans qu’on ne pût rien faire pour les sauver ».

S’ils furent reconstruit en 1567, plus personne ne jugea utile leur reconstruction rentable en 1920 ; l’époque des moulins à eau était définitivement révolue.

Aujourd’hui, lorsque la Marne est en étiage, depuis les rives de la rivière, on aperçoit encore les pilotis sur lesquels ils étaient bâtis.

 En aval du pont du marché se dressait jadis un deuxième ensemble de moulins appelés les moulins de l’Echelle ou les ‘vieux moulins’…

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