La Cathédrale de Meaux

Histoire

La construction de cette cathédrale commence au XIIe siècle pour s'achever quatre siècles plus tard, au milieu du XVIe siècle. Cette longue attente trouve partiellement son explication avec la guerre de Cent Ans et l'occupation anglaise de la cité.

La construction de la cathédrale gothique débuta par le chœur, entre 1175 et 1180.

Dès 1198, la veuve du comte de Champagne Henri le Libéral fut inhumée dans la cathédrale, et avant 1200, le déambulatoire, trois chapelles rayonnantes, les doubles bas-côtés du chœur et l'étage des tribunes situé au-dessus des bas-côtés intérieurs étaient construits.

De 1215 à 1220, les grosses piles de la croisée du transept furent élevées, ainsi que les niveaux supérieurs du chœur c'est-à-dire le triforium et les fenêtres hautes. De plus le chœur fut couvert de voûtes d'ogives. Cela est attesté par un dessin datant des environs de 1220, fait par Villard de Honnecourt, et représentant ce chœur primitif doté de trois chapelles rayonnantes.

Un nouvel architecte édifia le transept et les deux dernières travées de la nef de 1220 à 1235, et déjà en 1235, la chapelle du bas-côté droit de la nef, située au niveau de la dernière travée fut créée.

À peine 50 ans après l'édification du chœur, il fallut procéder à sa reconstruction-restauration. En effet, les fondations avaient été mal faites et le chœur primitif, doté de tribunes trop lourdes, était en train de s'affaisser. Le chœur actuel, de style gothique rayonnant, fut érigé entre 1253 et 1278 par Gautier de Vainfroy. Ce dernier qui travaillait sur le chantier de la cathédrale d'Évreux signa un contrat avec l'évêque et le chapitre cathédral de Meaux. Ce contrat, conservé actuellement, mentionne un salaire de 10 livres par an, plus certains autres avantages. Pour régler le problème de la stabilité du chœur, Gautier de Varinfroy employa la méthode utilisée pour la cathédrale Notre-Dame de Rouen en supprimant le niveau des tribunes du chœur, mais en conservant les baies des tribunes donnant sur la partie centrale de ce dernier. Subséquemment, les trois chapelles absidiales furent surélevées afin de les mettre en correspondance avec la nouvelle hauteur du déambulatoire.

Une nouvelle campagne de construction débuta en 1266 et fut financée par Jeanne de Navarre, dernière héritière du comté de Champagne et future épouse de Philippe IV le Bel. On modifia alors les façades des deux croisillons du transept afin de les mettre au goût du jour. Ce fut un architecte dont le nom reste inconnu qui procéda aux travaux de la façade du bras sud du transept.
Pierre de Varinfroy, un descendant de Gautier, réalisa la façade du bras nord en s'inspirant de celle de Notre-Dame de Paris. Pour ce faire il réutilisa les sculptures créées au début du XIIIe siècle, lesquelles furent remontées sur le nouveau portail.

En 1317, le roi de France Philippe V le Long donna un terrain pour construire deux chapelles rayonnantes supplémentaires. Puis en 1322, Charles IV le Bel, fit également une donation.
Vers 1331-1335, un bourgeois de Meaux, Jean de Rose, subsidia la dernière chapelle latérale à droite de la nef.

En 1335, le roi Philippe VI autorisa l'allongement de la nef de trois travées, les dernières, situées à l'ouest de l'édifice. Dès lors, les travaux repartirent, mais concernèrent uniquement la moitié droite des trois premières travées, ainsi que la porte droite et la porte centrale de la façade occidentale. En 1336, les tympans de ces deux portails furent sculptés, mais en 1358, les travaux s'arrêtèrent à la suite d'une jacquerie paysanne. Peu après, la guerre de Cent Ans débuta et, comme presque partout en France, les travaux s'arrêtèrent.

Ils reprirent en 1390, avec la construction de la partie gauche des trois premières travées, ce qui dura jusque 1410. Puis la situation militaire de la France se dégrada sérieusement (règne de Charles VI le Fol) et les travaux s'arrêtèrent à nouveau, à la suite de l'occupation de la ville par les Anglais (1422-1439).

Article détaillé : Histoire de Meaux au Moyen Âge.

Les trois premières travées de la nef ne furent dès lors terminées que durant la deuxième moitié du XVe siècle.

D'autres travaux suivirent encore : les quatrième et cinquième travées de la nef furent modifiées en style flamboyant, à la fin du XVe siècle. La tour droite fut enfin achevée après une longue campagne allant de 1505 à 1540

Quant au portail gauche, il fut achevé avant 1506. Il en va de même de la première chapelle gauche de la nef.

En 1562, la cathédrale fut pillée et endommagée par les huguenots.

En très mauvais état au début du XIXe siècle, une longue restauration eut lieu de 1839 à 1894. Le pourtour du chœur fut refait ainsi que les arcs-boutants de la nef. La troisième travée de la nef élevée dans le style flamboyant fut modifiée pour qu'elle ressemble aux autres travées, selon le principe des restaurateurs du XIXe siècle qui prônait l'unité de style, quitte à altérer les monuments.